Paroles de dimanches

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Par André Myre

Paroles de dimanches

21 août 2024

Crédit photo : Nick Page / Unsplash

Le texte choisi (Jn 6,60-69) par la Liturgie pour ce dimanche fait partie de la conclusion du chapitre johannique sur les pains. Après avoir partagé ceux-ci (vv 5-15), Jésus, dans une première section, s’est mis à dialoguer avec la foule galiléenne qui le cherchait (vv 25b-40). Ensuite, il a dû réagir à la grogne des Judéens, et expliquer le sens de sa vie (vv 41-58). Il a maintenant à gérer la grogne de ses propres partisans (vv 59-71).

Le passage contient une péricope de l’évangéliste, laquelle est faite d’un cadre portant sur les réactions des partisans (vv 60 et 66), et d’un centre qui fait état de la réplique de Jésus en deux morceaux (61b-64a et 65). On remarquera que la première parole de Jésus est elle-même composée d’un cadre (vv 61b et 64a), faisant référence au manque de confiance des partisans, lequel entoure la réaction de Jésus. Deux scribes johanniques sont intervenus après l’évangéliste, le parenthésiste au v 64b et le catholique, lequel a fait suivre la première péricope des versets 67-69. La disposition de la traduction qui suit cherche à rendre compte de la configuration du texte.

 

6,60 Après l’avoir entendu, bon nombre de ses partisans dirent donc :

Dur à avaler, ce dire. Qui peut écouter ça?

61 Bien conscient que ses partisans grognent à ce sujet, Jésus leur dit :

Ça vous déstabilise?

62 Qu’est-ce que ce sera quand vous allez voir l’Humain monter là où il était auparavant? 63 Le souffle est ce qui fait vivre, la chair ne sert à rien. Or, les propos dont je vous parle sont souffle et ils sont vie.

64 Mais il y en a parmi vous qui ne font pas confiance.

(Jésus, en effet, savait depuis le commencement lesquels ne faisaient pas confiance et lequel allait le trahir.)

65 Et il disait :

C’est pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi sinon par un don du Parent.

 

66 À partir de là, bon nombre de ses partisans firent marche arrière et ne circulaient plus avec lui.

 

67 Jésus dit donc aux Douze :

Voulez-vous vous en aller, vous aussi?

Simon Pierre lui répondit :

68 Seigneur, pour aller vers qui? Tu as les propos de la vie pour toujours. 69 Et puis nous, nous faisons confiance, nous savons que tu es le saint de Dieu.

 

 

 

Vérité historique

 

Le texte plonge peut-être ses racines dans l’histoire de Jésus. Il rappelle une parole fort intrigante de Luc, dans laquelle Jésus, peu avant son arrestation, s’adresse à Pierre :

 

Lc 22,31 Simon, Simon, voici que le Satan vous a réclamés pour vous secouer comme le froment. 32Mais j’ai demandé pour toi, afin que la confiance ne te quitte pas. Aussi toi, quand tu seras revenu à toi, soutiens tes frères.

 

Dans les deux cas, Pierre est présenté comme un pilier de foi, dans un contexte de défections nombreuses chez les partisans de Jésus – chez Luc, le Satan, qui ne fait pas confiance à ces derniers, réclame auprès de Dieu la permission de les secouer pour leur faire révéler leurs préventions contre Jésus et le faire savoir à son Patron. Il semble donc y avoir eu un épisode de crise très profonde qui a un jour frappé une bonne partie des partisans de Jésus. La tradition en a gardé un lointain souvenir, et, comme Simon avait toujours été un personnage dominant dans le groupe, elle en a fait le représentant des deux attitudes des partisans vis-à-vis de Jésus : il est celui qui l’a trahi – sans toutefois aller jusqu’à le livrer aux autorités – et celui qui a toujours cru en lui.

 

Jean

 

V 60. Pour les partisans, les paroles de Jésus sur le pain de vie ont été aussi dures à avaler que de vieux croûtons secs (v 60). Partout et toujours le système est très fort, l’insécurité pèse lourd, l’autorité des dirigeants est ancrée depuis longtemps dans les consciences. «Qui peut écouter ça?» Beaucoup sont déstabilisés, désorientés. Ils sont écartelés entre le poids de l’inertie et une énergie mobilisatrice.

Vv 61-65. La réaction de Jésus fait penser à la parole de Yhwh à Jérémie :

 

Jr 12,5a Tu es épuisé pour avoir couru contre des piétons?

Tu vas faire quoi contre les chevaux?

 

Ce que les partisans éprouvent n’est rien à comparer à leur futur désarroi quand les autorités arrêteront Jésus dans le but de le mettre à mort. Sous forme de question, l’évangéliste formule la troisième parole de ce chapitre portant explicitement sur l’Humain (v 62). Aux Galiléens, il avait parlé de la nourriture en vue de la vie pour toujours que leur donnerait l’Humain (v 27). Aux Judéens, il avait déclaré que, s’ils refusent de se nourrir de l’Humain, ils ne seront jamais en vie (v 53). À ses partisans atterrés, il annonce la crise dans laquelle ils seront plongés : «Qu’est-ce que ce sera quand vous allez voir l’Humain monter là où il était auparavant!» C’est le dernier élément dont l’évangéliste avait besoin pour compléter ce qu’il avait à dire de l’Humain, un aspect sur lequel il reviendra parce qu’il s’agit du plus controversé.

La trajectoire qu’il en a tracée est maintenant complète. L’Humain est descendu du ciel; il est maintenant là, soutenant le dire et l’agir de Jésus; et à la fin, il va «monter là où il était auparavant», le moment de sa remontée étant celui de la mort de Jésus. Moment suprêmement déstabilisant, parce que manifestant au grand jour la victoire ultime du système sur le fils envoyé.

Pour rendre compte de la raison de l’incroyance d’une partie de ses partisans, Jésus se sert du paradoxe. Aux Judéens, il vient de dire qu’ils auront la vie s’ils se nourrissent de lui-même (sa «chair»); ici, il déclare tout net que la «chair» ne sert à rien, car c’est le souffle qui fait vivre (v 63). Là, il a parlé de «pain», maintenant il parle de «propos» qui sont «souffle et vie». De fait, il dit la même chose en d’autres mots, et ses paroles permettent de bien interpréter le discours sur le pain de vie. La «chair», c’est tout ce à quoi les partisans sont attachés et dont la perte envisagée les déstabilise : les traditions mosaïques, l’autorité et l’interprétation des scribes, le système qui les entoure, tout ce après quoi ils ont fixé leur vie et qui les tient debout, mais de l’extérieur. La vie leur vient d’autour d’eux, pas de l’intérieur. Or, Jésus leur propose de rencontrer le souffle intérieur qui ne demande qu’à les animer et les vivifier, mais ils paniquent.

Ils perçoivent le pain qu’il leur offre comme l’ultime menace. Ils ne font donc pas confiance. (Au v 64, le parenthésiste intervient pour éviter que lectrices et lecteurs s’imaginent que Jésus aurait fait une erreur en choisissant des partisans – surtout Judas –qui allaient éventuellement le quitter ou le trahir. L’évangéliste n’avait pas de tels scrupules.) Le v 65 conclut l’intervention de Jésus dans la ligne du v 44 : là, il avait dit aux Judéens qu’il fallait avoir été «attiré» par le Parent pour aller à lui, ici, il déclare qu’un « don » de ce dernier est nécessaire. Il faut qu’existe en soi le goût de vivre comme Jésus – goût qui est de l’ordre de l’attirance, du don, du souffle vital –, pour décider de le suivre dans la ligne de son engagement. Il n’existe aucun domaine proprement humain qui permette à quelqu’un de se donner ses propres dons. Pour devenir humain, il faut se recevoir en puissance.

V 66. Plusieurs des partisans de Jésus n’attendent même pas la suite des événements pour prendre leur décision de le quitter. Une bonne partie de la communauté johannique n’a donc pas pu supporter la perspective de vivre en marginaux par rapport au système de vie judéen.

 

Le catholique

 

À l’origine, le v 66 était le dernier d’une partie du Livre des signes qui se déroulait depuis le début du cinquième chapitre. Elle se terminait comme elle avait commencé. Là, le paralytique était allé rapporter aux Judéens que c’était Jésus qui l’avait guéri (5,15). Ici, de nombreux partisans de Jésus se rallient aux Judéens. Le catholique, cependant, n’a pas pu se résoudre à laisser lectrices et lecteurs sur une telle finale. Il a donc rajouté une conclusion de son cru. C’est le seul passage du Livre des signes qui fasse mention des Douze (vv 67.70.71)[1]. Selon lui, il n’y a d’avenir pour la communauté johannique que dans l’union avec la grande Église.

Dans ces circonstances difficiles, Jésus s’adresse donc à sa garde rapprochée. Va-t-elle le quitter elle aussi? La réponse du catholique est extrêmement habile. D’abord, c’est Simon Pierre qui répond, la figure symbolique de la grande Église. D’un côté, il proclame la foi de cette dernière qui reconnaît Jésus comme son «seigneur», le «saint de Dieu»[2]. De l’autre, il utilise le langage de l’évangéliste, en affirmant que Jésus tient «les propos de la vie pour toujours», mais, dans la bouche de Simon Pierre, l’expression est synonyme de résurrection à venir. Pour la communauté johannique, il n’y a donc de salut que dans le partage de la façon de dire la foi courante dans la grande Église.

 

Ligne de sens

 

Le chapitre sixième du Livre des signes est au cœur de l’œuvre, et l’évangéliste l’a jugé assez important pour lui faire signifier l’essentiel de ce qu’il avait à dire, chose qui n’avait rien à voir avec la Messe ou l’Eucharistie. L’ensemble mérite qu’on retrace (longuement) sa ligne de sens.

1. Le contenu de ce chapitre révèle bien l’enjeu du Livre des signes, la vie humaine. Que dois-je faire pour devenir humain, pour réussir ma vie, pour atteindre une qualité de vie telle qu’elle pourra passer intacte à travers l’expérience de la mort? Ma réponse à cette première question n’est pas faite de mots, il s’agit de l’être humain que je suis devenu à ce jour. J’aurai eu ma vie pour me faire. Car il s’agit bien d’un faire. Et je me fais, au jour le jour, en œuvrant comme Jésus, me révélant ainsi vivant, vivant d’une vie pour toujours.

2. À la deuxième question, «Pourquoi ferais-je confiance à Jésus?», la réponse repose sur les concepts d’«attirance» (6,44) ou de «don» (6,65). Je vais à Jésus parce qu’il m’attire et que je trouve en lui la ligne d’humanité que je cherchais. La découverte de l’attirance vers Jésus est perçue comme un don, parce qu’elle ouvre aux croyantes et croyants le chemin vers leur propre intériorité, ce lieu où tout être humain n’a accès qu’en tremblant parce que s’y cache le grand mystère du Sens. L’attirance vers Jésus me met sur la route de l’être humain qu’il me faut devenir sous peine de rater ma vie. Elle ne se provoque pas, elle ne se transmet pas, elle n’a rien à voir avec un quelconque credo, elle peut se vivre sous toutes sortes de systèmes ou s’exprimer dans toutes sortes de religions, elle est même compatible avec l’agnosticisme ou l’athéisme. En effet, être attiré par Jésus n’oblige pas à partager sa vision de l’univers, sa culture, sa façon de se dire la Réalité ultime. Être attiré par Jésus, c’est reconnaître que je ne pourrai pas me trouver moi-même ailleurs que sur le chemin de vie qu’il a tracé. «Je» ne peux accéder à ma propre vie sans chercher à vivre comme lui.

3. Parce qu’il est humain, et veut donc se comprendre, l’évangéliste a besoin de s’expliquer le lien de Jésus au Sens. Il n’avait évidemment pas accès à l’intimité de Jésus, ni n’était en mesure de décrire ce qui pouvait se passer au «ciel», dimension de la Réalité ultime. Tout ce qu’il peut faire, c’est se servir des outils conceptuels disponibles dans sa culture pour rendre compte de sa conviction : il y a une unité fondamentale entre le Parent, Jésus et le «je» de tout être humain authentique. Reste à mettre cela en mots, c’est la tâche à laquelle il s’attelle.

4. Il a à sa disposition une batterie de concepts : Dieu, Parent, Dire (Sens), Humain, fils, envoyé. Il les utilise pour ancrer Jésus en Dieu, à partir de la conception du temps suivant laquelle Dieu résidait physiquement dans les hauteurs. Il fallait que le Sens émanant de lui puisse partir des cieux, les traverser, puis atteindre un humain sur terre. Le Sens de Dieu a donc été rendu disponible parce que, Là-haut, «l’Humain», après l’avoir reçu, est «descendu» le transmettre à Jésus. Le concept de l’Humain est important pour l’évangéliste, car il s’en sert comme d’une appropriation du Sens, au niveau du «ciel», par un personnage dont le nom même dit qu’il est du côté des humains, tout en se situant du côté de Dieu. L’Humain, envahi par les messagers de Dieu, devient le communicateur par excellence du Sens. La ligne de communication part donc du Sens (dont le rédacteur du prologue dira qu’il est orienté vers Dieu), et se concentre sur l’Humain, lequel va «descendre» du ciel, pour séjourner sur terre le temps de l’activité publique de Jésus avant d’être «élevé» au ciel d’où il venait. Jésus, de par sa fonction d’«envoyé», ou de «fils» est le décalque humain de la communication du Sens par l’Humain. Il s’aligne sur lui, il vit de lui, et il subit le sort qui en découle (remontée au ciel – montée sur la croix).

5. Tout cela, de la part de l’évangéliste, est un effort de compréhension de ce qui sourd de l’intériorité humaine, mais n’est pas la «foi». Le livre des signes n’est pas un appel à «proclamer» l’itinéraire du Sens, tel que l’évangéliste l’exprime, mais à en suivre les orientations. Comme il vit au sein d’une communauté en crise, tentée de se rallier au rabbinisme en train de réinterpréter les traditions mosaïques, et souffrant d’être marginalisée par la grande Église, il cherche à justifier le chemin de vie tracé par Jésus en le faisant remonter à Dieu lui-même. Car le scandale est grand : comment Dieu peut-il s’opposer à ce qu’il a lui-même révélé? C’est que tous les systèmes humains, même les meilleurs, à la longue, deviennent indifférents à la question du devenir humain, quand ils ne se sentent pas agressés par elle.

6. Le grand scandale pour la foi est que cela vaut même de l’Église. L’Église d’aujourd’hui ne croit malheureusement pas que le Parent continue d’agir, qu’il n’a jamais arrêté de faire intervenir le Sens dans l’Histoire, qu’il poursuit sa révélation de lui, et qu’il exige que les siens soient en état de discernement pour se défaire d’une organisation qui a fait son temps, d’une théologie dépassée, de rites désuets, en somme, d’un système périmé. Elle considère que les décisions prises jadis valent pour toujours, que les mots utilisés alors ont valeur permanente, que son existence, transitoire comme toute institution humaine, durera «pour toujours». Elle a oublié que, selon l’évangéliste, c’est la «vie» qui est pour toujours. C’est quand on fait confiance à Jésus qu’on est en vie pour toujours (6,47). Sinon, on est mort, on n’est «pas en vie» (6,53). Impossible de vivre si on ne se met pas radicalement en question, si on n’est pas continuellement en train de chercher les signes de vie tout autour, parce que Dieu ne cesse de travailler (5,17).

La tentation, permanente, est de penser que le Sens subsiste à l’extérieur, dans l’Écriture, dans les structures, dans les lois, dans les rites, dans l’Eucharistie. Quand on cherche là le Sens plutôt que dans la vie, c’est qu’on est mort, que Jésus n’attire plus, que le don a été fait ailleurs. Le scandale éprouvé par les Judéens de jadis, et par beaucoup de membres de la communauté johannique, est de toujours. Cela vaut même de ce que l’évangéliste a dit de Jésus, car le Sens n’est pas dans l’Écriture, mais dans les vivants qui se laissent conduire par lui et donc l’y reconnaissent. Les signes de la présence de la vie pour toujours ne peuvent être qu’une liberté offensante, le sacré désacralisé, l’autorité du système non reconnue, la désobéissance à valoriser, les mots, nouveaux, pour dire un Sens en mouvement.

7. Si l’évangéliste accorde tellement d’importance aux débats entre Jésus et les Judéens, ce n’est pas parce qu’il veut montrer à sa communauté quels arguments utiliser pour convaincre les responsables du système. C’est plutôt pour l’inviter à déboulonner ce dernier dans leur tête. Comme le montre la réaction des partisans de Jésus à la fin du chapitre 6, c’était l’aspect le plus difficile de son entreprise. Quand une personnalité s’est laissé façonner par le système qui l’entoure plutôt que de se fonder sur le dynamisme intérieur de vie signifié par Jésus, il est impossible à un autre humain d’en desserrer l’étau.

8. Pour que le Livre des signes ne soit pas qu’Écriture désincarnée, il est essentiel que les lectrices et lecteurs s’ajustent aux poussées de leur propre intériorité, et soient continuellement à analyser les structures qui les entourent, et à décoder les langages de leurs porte-parole. L’évangéliste trace une direction permettant à chacune ou chacun de donner corps à sa voix intérieure, de vivre dans la ligne de Jésus, de prendre ses distances vis-à-vis des systèmes et de découvrir d’autres «partisans» de Jésus avec qui chercher à le suivre. Si ce travail d’une vie n’est pas accompli, les mots de l’évangile ne sont que paroles vides. Il faut à tout prix éviter de céder à la tentation de transformer la direction de l’évangile en système de pensée intemporel ou de salut apporté d’en haut.

La suite de Jésus ne peut exister que dans le concret de mon existence avec mes frères et sœurs dans la foi, à la suite d’un discernement approfondi sur la pertinence des systèmes qui m’entourent. La vie pour toujours n’est pas un don attribué par l’Au-delà une fois pour toutes. Elle est poussée intérieure, attirance de fond, qui met l’être humain sur le chemin de sa propre existence. À lui de se donner les moyens et de prendre les décisions qui le feront vivre pour toujours.

9. Le Jésus de l’évangéliste fait son chemin sans compromis. Il est en dehors des systèmes, vivant, pensant, agissant comme son Parent, en calquant sa trajectoire sur celle de l’Humain. La voie que l’auteur trace pour sa communauté est donc bien droite. Les interventions du catholique révèlent, cependant, qu’une communauté est déjà un système, lequel est en interrelation avec cet autre système qu’est la grande Église. Le Jésus du Livre des signes peut échapper aux systèmes parce que, envoyé par le Parent et à l’écoute de l’Humain, il est d’Ailleurs (du «ciel»). L’évangéliste veut justement montrer que seul cet Ailleurs est capable de crever la bulle des illusions dans laquelle les humains vivent leur vie pour leur révéler leur propre humanité.

En écrivant comme il le fait, il révèle à ses lectrices et lecteurs qu’ils sont eux-mêmes habités par le ciel, et donc capables de trouver le chemin de la vie pour toujours. Mais le catholique rappelle que partisans et partisanes de Jésus ne peuvent vivre leur vie en dehors des systèmes, et que les compromis sont inévitables. La communauté johannique semble avoir écouté la voix du catholique, et s’être ralliée à la grande Église. Elle s’y est doucement et, peut-être, douloureusement éteinte. Mais elle a emporté avec elle son Livre des signes et, si elle a disparu, lui continue à garder les traces du chemin de la vie.

 

Notes :

 

[1] La Liturgie a laissé de côté les verset 70-71 qui traitaient de Judas.

[2] À Jérusalem, en Ac 2,36, Pierre déclare que Dieu a fait Jésus «seigneur et messie», tandis qu’en 3,14, au temple de Jérusalem, il voit en lui «le saint» et «le juste». Au temps où écrit le catholique, l’Église de Rome se présente comme l’héritière de celle de Jérusalem.

 

À PROPOS D’ANDRÉ MYRE

André est un bibliste reconnu, auteur prolifique et spécialiste des évangiles, particulièrement de celui de Marc. Il a été professeur à la Faculté de théologie de l’Université de Montréal. Depuis plusieurs années, il donne des conférences et anime des ateliers bibliques.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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